Télétravail : comment concilier vie privée et vie professionnelle ?

Comment s'organiser pour travailler à domicile ? Nos astuces pour télétravailler efficacement en séparant bien vie pro et vie perso.

Un grand nombre de salariés sont incités à télétravailler pour limiter la propagation du coronavirus SARS-CoV-2, responsable de l’ épidémie de Covid-19 . Selon une enquête réalisée en juin 2020 par Malakoff Humanis auprès de 1610 salariés du secteur privé, 58 % des personnes en télétravail ont du mal à séparer les temps relevant de la vie privée de ceux de la vie professionnelle

Définir à l’avance son temps de travail

Au bureau, l’environnement de travail marque le tempo de la journée : son début, sa fin, ses pauses café... En l’absence de ce cadre, il est parfois difficile de se fixer ses propres limites, et de s’y tenir. "Les études montrent que les télétravailleurs ont majoritairement tendance à en faire plus lorsqu’ils sont chez eux", indique Caroline Ruiller. Le risque de déborder sur les temps de vie personnelle, le soir et le week-end, est bien réel.

La clé pour y remédier ?

"Bien cadrer ses journées en définissant à l’avance l’heure à laquelle on commence et celle à laquelle on termine. Sans oublier de prévoir des interruptions dans la journée, notamment une vraie pause déjeuner comme on le ferait au bureau", répond Caroline Ruiller.

Autre conseil : déterminer à l’avance le temps que l’on compte consacrer à chaque activité comme lire un dossier, répondre à ses mails, rédiger une note… Avoir une vision claire du temps de travail dont on a besoin aide à mieux gérer son emploi du temps et à y greffer les rendez-vous personnels sans désorganiser ses journées.

S’inventer de nouveaux rituels

Le trajet pour se rendre au travail est un moment de transition qui permet de se mettre mentalement en condition. À la maison, on pourrait être tenté de passer directement du lit à sa boîte mails.

"S’habiller en tenue de travail, même si elle est plus décontractée, permet de se mettre en route. Se donner de nouveaux rituels également : faire le tour du pâté de maison, amener ses enfants à l’école, envoyer un smiley à ses collègues pour marquer le début de la journée... On se sent ainsi au travail et on évite de mélanger ses deux vies." 

Même chose le soir : le trajet de retour est souvent vécu comme un sas de décompression. On peut le récréer en promenant le chien, en cuisinant ou avec une séance de méditation. À chacun de trouver les rituels qui marquent symboliquement le début et la fin de la journée professionnelle et aident à laisser de côté les pensées liées au travail.

Aménager un espace dédié au travail

Travailler assis sur son canapé, à la table de la cuisine aussi bien que sur le bord de son lit, c’est prendre le risque de ne plus se sentir chez soi nulle part. "Il est important de s’aménager un véritable espace de travail, prévient Sylvaine Perragin. C’est créer une frontière physique mais aussi psychologique qui délimite la vie pro : on est au travail dans son espace de travail, et chez soi dans le reste de la maison." 

L’idéal est de disposer d’une pièce pour y installer son bureau et tout le matériel nécessaire. Ainsi, quand on en ferme la porte le soir, on ferme aussi celle du travail. Mais tout le monde n’en a pas la possibilité. Si le bureau est installé dans le coin du salon, on peut créer une séparation  en plaçant une étagère ou un paravent. "Si on n’a pas d’autre choix que d’occuper la table de la salle à manger ou de la cuisine, il faut prendre le temps chaque matin d’aménager son espace de travail. Et de le ranger chaque soir", conseille Sylvaine Perragin.

C’est certes un peu contraignant mais mettre son ordinateur portable et ses dossiers hors de vue, dans un tiroir ou un sac, c’est éviter de replonger dans le boulot dès qu’on les aperçoit.

Établir des règles avec ses proches

L’entourage a parfois du mal à comprendre que travailler chez soi ne signifie pas être disponible en permanence. "Le conjoint ou les enfants viennent facilement interrompre le télétravailleur alors qu’ils ne se permettraient pas de leur téléphoner sur leur lieu de travail, note Nelly Malgré. Le mieux est d’expliquer à ses proches ce dont on a besoin pour travailler correctement. Et réfléchir ensemble aux règles de fonctionnement à se donner.

Cela passe par définir le volume sonore tolérable pour la télé quand les enfants rentrent, communiquer ses horaires pour que tout le monde sache quand il faut nous laisser tranquille ou le signifier par un panneau 'Ne pas déranger'." Et ce n’est pas ce père de famille qui dira le contraire

Faire fi de toute distraction

Passer l’aspirateur, lancer une machine… Difficile lorsque les tâches ménagères s’accumulent de ne pas céder à la tentation d’en accomplir quelques-unes sur-le-champ. Après tout, lancer une machine ne prend que quelques minutes ! Erreur.

"Cela prend souvent plus de temps qu’on le pense, constate Sylvaine Perragin. Et se rendre mentalement disponible pour ces distractions nuit grandement à la concentration !" La solution : les noter sur un Post-it pour les évacuer plus facilement de son esprit et se dire qu’on les exécutera plus tard.

Le port d’un pyjama ne réduirait pas la productivité

Pour se sentir à l'aise, et puisque l’on n’a pas forcément de visioconférence tous les jours, il est tentant de rester en pyjama. Mais cette nonchalance vestimentaire est souvent associée à une baisse de la productivité et à un laisser aller. Que nenni, révèle une nouvelle étude australienne publiée dans The Medical journal of Australia (étude menée au printemps 2020, du 30 avril au 18 mai 2020). 

En tout, 163 personnes ont répondu à un questionnaire, portant sur divers sujets tels que les horaires de travail, la présence d’enfants à la maison, la tenue vestimentaire, la participation à des réunions virtuelles etc. Ils ont ensuite autodéclaré leur productivité en télétravail par rapport au travail in situ en entreprise.Verdict : le port du pyjama n’a pas été associé à une moindre ou à une meilleure productivité que lorsque l’on porte des vêtements “de jour”.

Cependant, le port de pyjamas a été associé à une mauvaise santé mentale. Un plus grand nombre de participants qui portaient un pyjama pendant la journée au moins un jour par semaine ont déclaré que leur santé mentale s'était détériorée lorsqu'ils travaillaient à domicile. 37 télétravailleurs en pyjama sur 63, soit 59% ont fait part de cette moins bonne santé mentale, contre 22 télétravailleurs habillés sur 84, soit 26%.

Ces derniers soulignent toutefois que “le simple conseil de se changer avant de commencer à travailler le matin pourrait partiellement protéger contre les effets des restrictions [dues à la] Covid-19 sur la santé mentale”. Notons par ailleurs que l’étude fait état d’une baisse de productivité chez les personnes qui sont contraintes de télétravailler avec leurs enfants à la maison. En revanche, la présence des enfants n’a pas été associée à une moins bonne santé mentale liée à la pandémie.

Le télétravail des parents améliorerait le sommeil des bébés

Alors que la pandémie a massivement généralisé le télétravail, des experts du sommeil ont découvert certains avantages de cette pratique pour les bébés.  Publiée dans la revue Sleep Medicine, une nouvelle étude indique ainsi que le télétravail des jeunes parents augmente le temps de sommeil des jeunes enfants, et réduit la somnolence diurne des parents. Deux bémols toutefois, chez les enfants plus âgés, le télétravail des parents a augmenté de 18 minutes leur temps passé devant un écran, et les symptômes dépressifs des parents ont augmenté.

L’étude a été conduite auprès de 1 518 nourrissons américains de 1 à 18 mois, dont le sommeil a été observé à l'aide d'un appareil, et via des questionnaires remplis par leurs parents. Les données collectées en 2020 ont été comparées à d’autres, datant de 2019. 

Dans le détail, il ressort que :

  • les nourrissons suivis ont bénéficié de 40 minutes de sommeil de plus par nuit ; 
  • les nourrissons les plus âgés ont vu leur temps d’écran augmenter de 18 minutes par jour ; 
  • les parents en télétravail ont signalé moins de somnolence en journée, mais plus de symptômes dépressifs durant la pandémie.

Pour les auteurs de l’étude, celle-ci démontre l’importance de mieux accompagner les parents en ce qui concerne le temps d’exposition des enfants aux écrans, mais met aussi en évidence les bienfaits du télétravail pour le sommeil des tout-petits. Le télétravail pourrait ainsi être une option intéressante pour les jeunes parents, qui ont parfois du mal à équilibrer vie professionnelle et vie personnelle à l’arrivée d’un bébé.

Source santé magazine