Télétravail : une nouvelle ère centrée sur la « confiance »

Un an de crise sanitaire a contraint le management à passer du « contrôle » à la » confiance », estime Jérôme Ballarin, président de l’Observatoire de la qualité de vie au travail, qui édite des guides de bonnes pratiques à l’adresse des entreprises.

La qualité de vie au travail a-t-elle pâti de cette crise sanitaire ?

« De façon évidente pour les actifs en première ligne, les soignants, et les métiers en deuxième ligne de services à la personne, de la grande distribution, de la logistique, de la propreté… Pour les personnes aussi qui se sont retrouvées en télétravail du jour au lendemain dans des conditions difficiles à la maison. Malgré tout, on a senti un management au diapason des salariés avec plus d’empathie, d’écoute, de bienveillance. Il y avait des organisations très « présentéistes » avec des managements dans le contrôle. La confiance doit prendre sa place : avec leurs équipes à distance, les managers n’avaient pas le choix. Est-ce que cela va perdurer ? Dans certaines entreprises oui, dans d’autres sans doute pas. »

Quels enseignements tirer du bouleversement des rapports entre sphères privée et professionnelle ?

« Le risque est que le travail ait envahi tous les interstices de la vie. Au bout d’un an de télétravail, des personnes se retrouvent dans un état de grande fatigue. Elles ont besoin de réinventer des rituels, de faire des pauses, de savoir se limiter. Il y a une forme de réinvention de la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle qui doit se dessiner demain. Cela oblige les entreprises, les managers à respecter le droit à la déconnexion dans une logique de performance durable pour éviter que les gens s’épuisent. »

Faut-il s’attendre à ce que la santé, notamment psychique, des travailleurs soit davantage prise en compte ?

« Les questions de santé, qu’elles soient physique ou psychique, sont rentrées dans les préoccupations de tous les acteurs de la société. Des dispositifs de vigilance ont été mis en place avec des indicateurs RPS (risques psychosociaux, ndlr), des formations pour les managers. J’espère qu’on va rentrer dans une nouvelle ère centrée sur une performance humainement durable. »

Source Ouest France