Télétravail, Flex office, QVT... La réinvention du bureau à la maison et en entreprise

Idées et tendances pour créer - Chez soi ou en entreprise, les espaces de travail évoluent vers un monde hybride, mi-virtuel mi-physique. Cette évolution rapide est source d'opportunités pour des start-up dans le numérique, l'aménagement, la cohésion d'équipe…

Le retour au bureau s'opère en douceur et avec moult précautions depuis le 9 juin. Certains salariés ont très largement pratiqué le télétravail depuis plus d'un an, et ont complètement changé leurs habitudes. Horaires plus flexibles, plus grande autonomie mais aussi gain de temps en évitant des trajets domicile-travail souvent longs et fatigants…

Le télétravail a montré ses avantages en période de crise sanitaire, mais il aussi ses limites. Etirement, voire coupure du lien avec ses collègues, augmentation de la détresse psychologique chez certains, perte de sens… La solution qui émerge est un mix entre présentiel et distanciel pour tenter de ne garder que les avantages de chacun.

Huit salariés sur 10 souhaiteraient un mode de travail hybride avec 1 à 3 jours de télétravail par semaine, selon un sondage OpinionWay. Ces nouvelles organisations demandent des ajustements, et l'invention, ou le perfectionnement, d'outils pour s'installer durablement. Autant d'opportunités pour des entrepreneurs.

Semana optimise le flex office

Conséquence du télétravail régulier en entreprise : les postes de travail restent vide un ou deux jours par semaine. Pour une entreprise, la réorganisation de l'espace de travail en réduisant le nombre de postes et les surfaces peut se traduire par des économies de charges. C'est le principe du flex office ou flex desk , autrement dit du bureau non attribué.

Pressentant que la tendance se généraliserait rapidement, Albert Reynaud (CEO) et ses associés Nicolas Cosme (CTO) et Valerio Volpati (CPO) ont mis de côté leur projet de start-up dans la mobilité des salariés, lors du premier confinement de mars 2020. A la place, ils ont créé Semana, un outil d'optimisation du flex office. « Les collaborateurs vont passer de plus en plus de temps en dehors de l'entreprise. L'enjeu, c'est à la fois d'optimiser l'allocation des espaces de bureaux en leur absence et de savoir qui est où et à quel moment », résume Albert Reynaud.

Fonctionnant sur un modèle d'abonnement, Semana est commercialisé depuis novembre 2020 et compte déjà plusieurs dizaines d'entreprises clientes. La start-up de 10 salariés a levé 600.000 euros auprès d' Entrepreneur First - un fonds de capital risque qui opère un programme d'incubation à Station F - de business angels et de Bpifrance pour accélérer son développement produit et commercial.

aKagreen végétalise les bureaux

Le mix télétravail-bureau semble la solution privilégiée par la plupart des entreprises. Les collaborateurs auront donc toujours besoin d'un lieu physique où se retrouver. Tout l'enjeu consiste à leur donner envie de s'y rendre. Pour cela, améliorer le cadre de vie au travail est indispensable. Et pourquoi pas miser sur les plantes ?

Depuis 2016, aKagreen végétalise les espaces de bureaux pour accroître le bien-être des salariés. « C'est prouvé : les plantes augmentent l'inspiration et la créativité de 14 %, réduisent l'absentéisme de 10 % et la fatigue de 30 % », avance Sabrina Ananna, cofondatrice et CEO d'aKagreen, études à l'appui. La végétalisation des bureaux permet aussi de se reconnecter à la nature tout en étant au travail, « un besoin inné pour tous les êtres humains », rappelle Sabrina Ananna.

Avec le retour au bureau en ce printemps 2021, les commandes ont explosé chez aKagreen. La start-up de 9 salariés devrait tripler son chiffre d'affaires cette année pour dépasser la barre symbolique du million d'euros, après un exercice déjà en forte croissance à 15 % en 2020. L'entreprise parisienne affiche aussi des engagements environnementaux et sociaux forts. Elle est certifiée B-Corp.

Glowbl virtualise les salles de réunion

Le déploiement d'outils de travail à distance a considérablement facilité l'adoption et le développement du télétravail. Et si, par facilité, les outils des grands acteurs américains comme Team's (Microsoft), Zoom (Facebook) ou Slack ce sont d'abord imposés, peu à peu, les start-ups françaises entendent bien se faire une place.

Glowbl crée des espaces de réunion virtuels, des espaces de travail partagés en visioconférence autour d'un concept graphique de table autour desquelles les participants sont réunis. « Nous proposons des tables virtuelles, un peu comme si vous étiez au bureau. On peut se balader d'une table à l'autre, personnaliser son espace de travail, travailler en mode gestion de projet… Le tout en retrouvant cette oralité qui manque tant quand on travaille à distance », explique Sophie Lazard, la présidente de Glowbl.

Cette plateforme collaborative a été fondée en 2011 à Lyon par Mathieu Labey, aujourd'hui président de Wheelskeep, start-up de parkings sécurisés pour vélos. L'entreprise compte 20 salariés. La crise sanitaire a été un formidable accélérateur puisque son chiffre d'affaires a été multiplié par 7 en 2020. Et ce n'est pas fini ! Glowbl cherche à lever 5 millions d'euros pour viser l'international.

La French Cabane apporte une touche nature au bureau

Le retour au bureau s'accompagne pour nombre d'entreprises d'une réflexion sur l'aménagement, entre respect des règles sanitaires et nécessité de créer un environnement apaisant, voire rassurant. Et pourquoi avec une touche de nature. Pas facile quand on reste chez soi, en particulier dans les grandes villes.

French Cabane est l'histoire d'un rebond réussi pour Thibaut Mervoyer, entrepreneur de l'événementiel pour qui tout s'est arrêté ou presque en mars 2020. L'an dernier, il a créé French Cabanes pour proposer des pergolas en bois pour la maison. Ce printemps, la gamme s'est enrichie de French Cabines pour le bureau. « Ces mini-espaces en bois sont conçus pour être collaboratifs avec 3 à 4 places, ou pour travailler seul, tout en se reconnectant avec la nature », explique Thibaut Mervoyer.

Installées seulement dans des locaux d'entreprises pour l'instant, ces «French Cabines ont vocation à se déployer aussi dans des lieux publics : théâtres, gares, hôtels ou encore centres commerciaux. « Nous voulons devenir le Airbnb de la cabine de télétravail et déployer 500 cabines d'ici 2023 dans des villes comme Paris, Lyon et Bordeaux. » La start-up de cinq personnes a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 200.000 euros en 2020. Elle cherche à lever rapidement 1,5 million d'euros pour accélérer son développement.

Source Les Echos Entrepreneurs