Pour surveiller leurs salariés en télétravail, un grand nombre d’entreprises françaises ont adopté des outils de contrôle à distance. Surveillance des mails, de la navigation sur internet, les employeurs ont de l’imagination.
C’était un mouvement qui avait été repéré aux États-Unis dès le début de la crise sanitaire. Des entreprises avaient installé des mouchards pour surveiller ce que faisaient vraiment leurs employés en télétravail. Le mouvement est arrivé en France, d’après une enquête réalisé par un spécialiste des logiciels d’entreprise baptisé VMware. Selon cet expert, 63% des entreprises françaises prévoient ou ont déjà adopté des outils dans le but de renforcer la supervision – mais on peut parler de surveillance à distance – de leurs employés en télétravail.
La solution privilégiée est la surveillance des emails. 37% des entreprises l’envisagent ou l’ont mise en place. Vient tout de suite derrière la surveillance de la navigation sur internet. 36% le font ou vont le faire. Mais il y a aussi la video surveillance, dans un quart des cas, en précisant que ces systèmes sont très contrôlés par la Cnil, la commission informatique et liberté, et même de webcams dotées de technologies de suivi du regard. Il y aussi, et c’est une solution très largement adoptée aux États-Unis, les logiciels d’enregistrement de frappes au clavier. 20% des entreprises l’ont adopté ou envisagent de le faire.
Les salariés n’aiment pas beaucoup ça…
Dans ces entreprises qui ont mis en place des systèmes de surveillance, on enregistre, dans la moitié des cas, des taux de départs plus élevés ou même nettement plus élevés qu’ailleurs. En manquant de transparence et mesurant la productivité de façon aléatoire, les employeurs risquent de miner la confiance de leurs salariés, explique l’un des dirigeants de la société qui a piloté l’étude.
Pendant ce temps, de plus en plus d’entreprises signent des accords pour encadrer le télétravail. On observe sur le terrain deux mouvements qui peuvent sembler contradictoires. D’un côté, on a un net recul de la pratique du télétravail. En septembre on n’avait que 21% des salariés qui avaient travaillé à domicile au moins un jour par semaine. C’est une nette baisse de sept points par rapport au mois d’avril. Et d’un autre côté, le ministère du Travail note que le nombre d’accords sur le télétravail bondit, avec 2 720 accords signés, une hausse de 37% par rapport à l’année entière 2020 alors que l’année n’est pas finie. La moitié de ces accords prévoient deux jours de télétravail par semaine.
Source Franceinfo