Covid-19 : les entreprises appelées à faciliter le télétravail même si le protocole sanitaire ne change pas

Pas de changement sur le travail à distance dans le nouveau protocole sanitaire qui va être mis en ligne, mais Elisabeth Borne a fait passer le message pour inciter les employeurs à le développer.

La question commence à tourner en boucle dans les entreprises. Le télétravail va-t-il être renforcé avec l’envolée de l’épidémie de Covid-19 et l’arrivée du variant Omicron ? L’inquiétude est palpable. De là à rebattre les cartes ? En coulisse, le ministère de la Santé pousse à la roue depuis quelques jours, fort des positions tenues par le passé par Emmanuel Macron et son Premier ministre Jean Castex considérant cette mesure comme l’une des armes efficaces pour freiner la circulation du virus.

Pour l’heure, le gouvernement reste droit dans ses bottes, si l’on en croit le nouveau protocole sanitaire, sorte de mode d’emploi pour les employeurs, qui va être publié ce lundi 29 novembre en fin de journée. « On n’a pas assez de données pour infléchir notre position », fait-on valoir. C’est d’ailleurs la ligne adoptée par le Conseil de défense sanitaire national qui s’est tenu mercredi dernier : « pas d’évolution prévue pour le moment ».

Des souplesses et du cas par cas mais sans obligation

Depuis septembre, les entreprises sont seules maîtres à bord pour gérer le télétravail en leur sein. A charge pour elles, via des accords ou des chartes, de décider d’un nombre de jours… ou pas. Le nouveau protocole ne comporte pas d’inflexion, même si quelques lignes ont été ajoutées précisant le « contexte actuel de reprise épidémique ».

Il est ainsi écrit, que « l’organisation d’un échange dans le cadre du dialogue social de proximité sur la mise en place ou le renforcement des mesures sanitaires au sein de l’entreprise est d’autant plus essentielle » (exemples : étalement des horaires ; flux de circulation ; mise en place du télétravail etc.).

Des propos échangés jeudi dernier (soit avant l’apparition du nouveau variant) lors des réunions menées entre la ministre du Travail et les organisations syndicales et patronales ouvrent clairement un coin à une possible évolution.

« Comme le précise le protocole, le télétravail participe à la démarche de prévention du risque d’infection au Covid. La ministre a donc invité les employeurs à faciliter son déploiement, en tenant compte des enjeux d’organisation du travail, des risques liés à l’isolement des salariés », nous indique l’entourage d’Élisabeth Borne. Entre les lignes, le ministère incite les employeurs à faire preuve de souplesse et du cas par cas s’il le faut. Sauf que rien n’oblige une entreprise à le faire.

Le ministère met en avant le risque d’isolement

Une communication inspirée du « et en même temps » cher à l’exécutif, qui démontre à quel point le gouvernement marche sur des œufs. La petite phrase lâchée par Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef le 23 novembre dernier lors d’un déplacement à Plougastel-Daoulas (Finistère) ne trompe personne : « On ne va pas se mentir, le télétravail, c’est un peu la glande », rapportait le journal le Télégramme lors de cette réunion du Medef local. Des propos corrigés quelques heures après par le quotidien régional de Bretagne à la suite de la demande de l’entourage du président de l’organisation patronale faisant savoir qu’il y avait eu « une erreur de compréhension ». Une déclaration remaniée devenue ainsi : « pour certains salariés qui ne peuvent pas télétravailler, l’image du télétravail, c’est un peu la glande ».

Loin de ces considérations, le ministère du Travail met en avant le risque d’isolement. « On ne peut ignorer qu’un salarié sur deux a mal vécu le télétravail intensif », rappelle-t-on. Et d’ajouter : « il ne faut pas ignorer les situations individuelles ni casser les collectifs de travail ».

« De plus il ne serait pas cohérent de revenir à du 100 % télétravail tout en laissant la possibilité d’aller dans les bars et les boîtes de nuit », ajoute-t-on dans l’entourage de la ministre. Autant de réticences face au télétravail généralisé que partagent également la plupart des syndicats, sans pour autant écarter cette hypothèse si les scientifiques le recommandent.

Un rappel ferme sur les gestes barrière

La stratégie affichée aujourd’hui dans le nouveau protocole se focalise donc sur l’application « stricte » des gestes barrière, et particulièrement le masque obligatoire, qui se sont nettement relâchés, de l’aveu de tous les acteurs.

Une piqûre de rappel des bonnes pratiques, avec quelques ajouts. Comme la « maîtrise de la qualité de l’air et l’aération/ventilation des espaces fermés ». « L’aération doit être assurée de préférence de façon naturelle avec des portes et/ou fenêtres ouvertes en permanence ou à défaut au moins cinq minutes toutes les heures », précise le protocole. Il est préconisé, en revanche, de « prévoir un système de mesure de CO2 en cas de difficulté pour garantir la qualité de l’air ».

Autre mini-changement évoqué dans ce texte de vingt-huit pages qui reprend pour l’essentiel l’ancienne version : « Les moments de convivialité réunissant notamment les salariés en présentiel dans le cadre professionnel ne sont pas recommandés ».

Quant aux cantines d’entreprise, retour aux règles imposées au printemps dernier : « respect d’une distanciation de deux mètres entre les chaises occupées par chaque personne, sauf si une paroi assure une séparation physique ».

Source Le Parisien